Resumen:
Cet article tente d¿établir un diagnostic épistémologique du phénomène contemporain de développement des théories complotistes. Il part de la critique de deux approches du phénomène. L¿approche « hyper-critique » consiste à dire que le développement du complotisme manifeste un manque « d¿esprit critique », et prescrit donc comme thérapie d¿enseigner aux élèves à ne rien croire sans l¿avoir vérifié soi-même. Je réponds que cette stratégie « individualiste épistémique » est inefficace voire contre-productive, car une étude des discours conspirationnistes révèle que le conspirationnisme se nourrit précisément d¿une rhétorique individualiste. La seconde approche que je rejette consiste à nier l¿existence de tout phénomène problématique de « théories du complot ». Cette approche s¿appuie essentiellement sur la difficulté qu¿il y a à définir précisément ce qu¿est l¿état d¿esprit conspirationniste. Je réponds en définissant le conspirationnisme comme une exacerbation de l¿individualisme épistémique, c¿est-à-dire l¿incapacité à distinguer les sources testimoniales fiables des sources testimoniales non fiables.